La plongée, le meilleur des antidépresseurs ?

Avis à tous les anxieux, inquiets, stressés et tourmentés, un groupe de chercheurs a trouvé un médicament peu banal pour résoudre vos angoisses. Une étude menée par des scientifiques marseillais de l’AP-HM vient de mettre en valeur les bienfaits de la plongée sous-marine sur la santé mentale. Ils ont enregistré de bons résultats auprès de rescapés des attentats du Bataclan ou de soldats français de retour de théâtre d’opération. Cette année, ils testeront leur découverte sur des soignants.

Extraits du parisien / Par Emilie Torgemen / Le 8 juin 2021 à 09h29 & France 3 region / Publié le 19/06/2021

Un contrôle respiratoire immédiat

Descendre sous l’eau permet de réduire le stress. Selon une étude menée par l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), la plongée sous-marine dissout l’angoisse et améliore la capacité à gérer l’imprévu. « Nous avons lancé la recherche en 2015 avec un collègue qui avait été victime d’un burn-out. Exactement comme pour un médicament, nous avons comparé les effets sur un groupe qui a pratiqué la plongée par rapport aux effets sur un groupe placebo, dont les membres faisaient de l’escalade ou du kayak dans les calanques, pour évacuer l’effet vacances », précise Mathieu Coulange, chef de service médecine hyperbare, subaquatique et maritime au CHU Sainte-Marguerite, à l’origine de ce programme.

La petite histoire

Tout commence en 2015, lorsque Frédéric Bénéton, un trader, quitte son travail suite à un burn-out. La plongée sous-marine est le seul sport qui lui permet de décompresser, il décide alors d’examiner le phénomène de plus près. Entouré notamment de Mathieu Coulange, il se lance dans un Master de physiologie des conditions extrêmes pour étudier les bienfaits de la plongée sur le stress. 

Rapidement, un programme de recherche se monte et les découvertes se multiplient. Les publications aussi, comme dans la respectable revue Frontiers in Psychology. Il faut dire que leurs expériences les agitent jusqu’à les mener en Guadeloupe, à Malte, et bientôt à Monaco.

“On a démarré nos études sur des cas de stress du quotidien”, explique le Pr Coulange, qui enchaîne sur la multitudes de bienfaits découverts. “On s’est rendu compte, grâce à des accéléromètres, que les systèmes accélérateur et freinateur de l’organisme se rééquilibraient. En état de stress, nos organes accèlerent et il n’y a plus de frein. Celui-ci se remet en place en plongée”. 

À cela s’ajoute l’état de méditation de pleine conscience que provoque cette activité. Cet état permet de se focaliser sur l’instant présent en évacuant les pensées gênantes. Enfin la sensation de cocooning est majeure dans l’enveloppe aquatique, elle agit comme un réveil de l’état foetal. “Le fait d’entendre sa respiration influe beaucoup”, souligne le coordinateur du projet. L’étude s’est ensuite élargie à ceux qui souffrent d’un syndrôme post-traumatique. En 2017, des tests sont menés en Guadeloupe sur une quarantaine de rescapés des attentats du Bataclan. Certains partaient en plongée, d’autres en forêt. “Pour la quasi totalité du groupe en plongée, les indicateurs sont passé en dessous du seuil du stress post traumatique”, explique Mathieu Coulange. Même bénéfices constatés à Malte avec les premiers résultats obtenus sur des blessés psychiques et physiques de l’armée de terre.

La prochaine étape aura lieu à Monaco, en septembre, où des tests seront faits sur des soignants en burn-out suite à la crise sanitaire. Un personnel qui souhaite généralement changer de décor et fuir les cures en milieu hospitalier, la plongée sous-marine apparaîtrait alors comme une alternative aux solutions “psy”.

Une reproduction possible en piscine

L’eau étant primordiale, il n’est pas question de repruire une plongée sous-marine par réalité augmentée. Cependant, pour les réfractaires à la plongée en mer, une mise en situation est possible en piscine. L’enjeu est d’ouvrir la pratique au plus grand-nombre. 

De son côté, la Fédération française études et sports sous-marin (FFESSM) a fait inscrire en février 2021 la plongée bouteille sur la liste des activités sport-santé. Le but est de pousser aux remboursements de cette pratique pour certains malades.

Les mutuelles prennent en effet en charge des activités sportives sous certaines conditions et sur prescription médicale. La natation ou la gymnastique apparaissent aujourd’hui comme les sports les plus souvent prescrits.

En France, on compte pour l’heure 140.000 licenciés de plongée sous-marine. Un chiffre qui pourrait exploser si ce sport est reconnu d’utilité sanitaire.

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